ah ― sous les soupirs, s'essouffle le cœur et le corps, lui, implore la reddition des épaules sous le poids des fardeaux trop lourds pour un seul homme. tête haute et sourire en place, pourtant l'attitude transpire la fausse insouciance et la nonchalance - qu'on pourrait même le croire trop tendre, trop délicat, trop badin, pour porter les couleurs du bleu du ciel - ciel dans lequel les oiseaux qu'il côtoie sont rois, d'un royaume plus grand que la terre elle-même, à la conquête de sommets, dans une envolée ascensionnelle et sempiternelle.

zephyr qui porte bien son nom a des airs de goulées d'air frais, de soleil sur la peau, du chant des oiseaux - à l'apparence intacte, à la politesse presque enchanteresse, à tendre la main à ceux dont le besoins et gonfler ses poumons comme un bon vivant. on pourrait presque y croire. on voudrait presque capituler sous ses obsidiennes, ses onyx qui sont siennes.

pourtant zephyr se pare et se drape de sombre, dans ses entrailles, le sang boue, avide et plein d'une colère nouvelle, d'une impétuosité dangereuse et inconsciente - d'un besoin, primal, de faire moins de bien que du mal. parfois les traits se froncent, le regard mauvais et l'oreille attentive en attente du son des os brisés - cette violence intérieur, qui ravage son être tout entier, contenue, qui ne demande qu'à se libérer pour alléger sa propre terreur.

zephyr aux airs de martyr - sortit tout droit d'un roman à faire pleurer les chaumières ; s'agace lui-même de son pathétisme et s'enlise, plus encore, dans sa propre crasse : cette vie qu'il n'a pas choisie, bénie, maudit, par des démons plus grand que lui.

tw : mention de violence parentale et de prostitution

homme-obéissant ;
résulte plus du chien que du soldat.
papa regarde-moi ! le dos qui se plie, qui supplie,
comme pour demander pardon.
pécheur qui parle au ciel, pourtant les larmes, elles, se noient
dans la pluie, incessante, qui s'abat.

stèle-froide encadrée de toutes ces pierres,
aux inscriptions datés, du commencement à l'extinction.
maman debout éteint de sous son talon,
la fumée-cancer,
prends la main, l'arrache, de sous son parapluie noir, elle n'accorde
pas le moindre regard.

alors s'en va,
pendant que les larmes, elles, se noient
dans la pluie, incessante, qui s'abat
dans

l'hyperfracas.

✚ il est né dans une famille-misère, un père abusif, une mère violente, de quoi demander pourquoi moi quand la réponse souffle et et pourquoi pas.

✚ papa faussement décent terriblement exigeant - zephyr apprend très vite à écouter, à exécuter ; l'enfant obéissant, fait face à la médiocrité de ses parents, devenu esclave d'une maison où loge de nombreux démons.

✚ et puis papa meurt, ça sonne la première fois comme le glas d'une libération ; malgré les larmes qui déforment les joues rondes de l'innocence.

✚ innocence, brisée, par maman qui cri : bon débarras !

✚ alors il y a théa. tout le différent de soi. garçon qui fait relever le menton, qui fragilise les sourires et qui redonne un souffle de vie dans un corps amorphe : une amitié qui promettait de jolies choses.

✚ qui n'auront jamais lieu, car il y a eu un après-théa ; l'abandon facile et plus un regard, le monde s'effondre, car zephyr, lui, n'avait plus que lui. ce dernier l'a défait de soi, a façonné un zephyr qui n'avait pas eu le temps de grandir. avant de lui voler tout sentiment d'existence en lui retirant, ce qui faisait de lui, lui : théa.

✚ théa. théa. théa.
même une fois qu'il ne soit plus là.

✚ théa. même dans les soupirs décomposés. théa. même sous les doigts écœurants. théa. maudit, les paupières fermées. dans le putride et le nauséabond.

✚ mais le zephyr de théa, lui, n'est plus là.

✚ car il a eu plus de temps qu'il n'en faut pour grandir.